Une chaussette géante pour protéger les espèces maritimes

La start-up nantaise Greenov a développé un système d’atténuation du bruit sous-marin, qui limite l’impact acoustique des travaux réalisés sous l’eau. Un prototype est en test depuis plus d’un mois dans le port de Saint-Nazaire.
Prototypes d’un coeur artificiel de Procope Medicals. © Procope Medicals
L’entreprise développe deux versions de son innovation SubSea Quieter : la première, un rideau acoustique à des- tination des ports, l’autre, la fameuse « chaussette », en test à Saint-Nazaire, qui dans une version plus imposante, pourra couvrir les pieux des éoliennes en mer. Cette chaussette permet d’emprisonner le son et de ré- duire drastiquement le niveau sonore dans l’eau lors de travaux sous-marins atteignant 200 à 250 décibels, l’équivalent de 140 à 190 décibels dans l’air. Des chantiers qui provoquent des nuisances importantes pour la faune aquatique « On a démontré que le bruit avait des effets sur tout, il semblerait que même les plantes marines auraient un tropisme négatif par rapport au bruit », déclare Damien Demoor, en se basant sur une étude scientifique menée depuis 25 ans. Ces nuisances vont continuer avec la multiplication des parcs éoliens en mer pour décarboner notre énergie, notamment à Saint-Nazaire et Dunkerque.

Un premier prototype à petite échelle

Avant d’être déployée sur les parcs, il a fallu tester la membrane à petite échelle, ¼ par rapport à sa taille prévue, dans le port de Saint-Nazaire. Pendant un mois et demi, l’expérimentation a été concluante, avec une réduction de bruit qui dépasse les 90 % « On va fortement diminuer l’impact humain sur les écosystèmes des animaux ». La dernière version sera testée en juin 2024 à Saint-Laurent au Québec. Pour ce qui est de l’installation, la membrane se déroule autour des pieux à en- foncer. Une fois lestée au fond, celle-ci est gonflée d’air par niveau, le son se perd dans l’architecture des fils qui composent la membrane.

Un projet qui va se développer

Créée en 2021, Greenov s’est donnée comme objectif de protéger l’environnement maritime. L’équipe de quinze salariés devrait passer à 200 une fois la production lancée, et conquérir les marchés de l’énergie marine renouvelable partout dans le monde. Le système a reçu une subvention de 2,5 millions d’euros du programme European Innovation Council Accelerator destinée aux PME lauréates d’un concours européen. Pour une version grandeur nature, il faudra attendre 2026 le temps de la réalisation du design, de la fabrication et du choix du lieu où se déroulera la démonstration finale : en Pologne, aux États-Unis ou sur le site du futur parc éolien au large de Dunkerque. L’entre- prise a annoncé un projet commun avec Equinor, entre prise norvégienne, EDF renouvelables et TotalEnergies. Une collaboration qui va permettre de bénéficier d’une expertise technique pour fournir des données concrètes sur les caractéristiques des prochains parcs éoliens en mer.
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